« Cause you're all I need » [PV Camille Swann]

C’était son quotidien. Acheter le journal, lire les petits annonces, chercher un petit boulot, écrire, chanter et aller se montrer au grand public ; oui, c’était cela son quotidien. La routine était devenue son train de vie et delà à vous dire que Camille l’aimait bien serait vous mentir. Il était quinze à sa montre lorsque notre beau jeune homme venait de sortir d’un entretien. Qui d’ailleurs c’est plutôt mal terminé, Monsieur Swann pas assez confiant en lui pour ce boulot… bien tant pis, ce sera pour un autre patron qu’il ira vanter ses qualités, alors.

Sa guitare sur le dos, il partit en vadrouille seule dans la nouvelle vie. Cette nouvelle vie commençait mal, très mal même. Il espérait bien quelque chose de plus positif pour cette entrée dans une ère nouvelle pour le jeune homme. Ses pieds prirent les commandes de son corps et l’emmenèrent du côté ouest de la cité urbaine. Lui-même ne savait pas où il était mais tant pis, les rues étaient grandes & illuminées par le soleil qui les dominaient. L’endroit était idyllique, parfait même pour un concert sauvage comme il aimait. A vrai dire, c’était le seul moyen qu’il trouvait pour se faire connaître, le net était un bon moyen mais aller dans la rue & être proche de monsieur & madame tout le monde était tellement plus excitant !
Après un bon quart d’heure de recherche de l’endroit idéal, l’anglais opta de s’installer sur une petite place. A ce moment de la journée, l’influence n’était pas au maximum, il est vrai mais on pouvait croiser des groupes de jeunes, des parents avec leurs sales mioches ainsi que des petits vieux. Alors il stoppa sa marche et observa un instant autour de lui. Oui, c’était l’endroit parfait, l’endroit tant rêvé pour se faire remarquer. Il déposa sa guitare furtivement et la sortie de sa house qu’il laissa ouverte d’ailleurs. Car comme on sait, il y a toujours quelques petits généreux qui donnent une petite pièce par-ci par-là & au final, on en a pour un max de tunes. Les gens étaient vraiment généreux avec le musicien et il le leur rendait bien. Le manche de sa guitare en main, Camille commença par quelques petits accords improvisés avant de commencer les choses sérieuses. Enfin c’était plutôt une ruse pour faire affluer le monde autour de lui car c’est connu et reconnu dés qu’il y a de la musique, ils se sentent tous obligés de venir voir d’où provient cette mélodie. Et là sur ce point, il n’avait pas tord ! Quelques minutes après, quelques personnes étaient stationnées devant lui à le regarder jouer. Les yeux émerveillées comme à son habitude, il jouait, chantait d’une manière si particulière. Vous savez cette manière si touchante qui vous barbouille le petit ventre juste après. Entre reprises et compositions personnelles, tout un univers musical se dressa autour du bellâtre. Cela semblait même être appréciait par les hommes & les femmes de passage sur cette petite place pour regarder comme des cons, l’homme s’éclater seul entouré d’une bonne soixantaine de personnes.
La mélodie qui sortait de sa guitare mais aussi de sa voix pouvait se faire entendre dans une grande majorité des rues de l’ouest de la ville. Mais Camille ne se souciait guère d’avoir une foule autour de lui, tant qu’il pouvait se faire plaisir et … se faire connaître pour ses chansons, ses interprétations et ses compositions, cela lui satisfaisait amplement.
Le mélomane allait entamer sa chanson finale, qui allait clôturer son concert sauvage. Cette chanson qu’il tournait en boucle dans son bon vieux mp3, cette chanson qui lui irisé les poils, qui lui donnait toujours ces mêmes frissons dés qu’il la jouait. L’anglais prenait un malin plaisir de la chanter à tous les coups, il espérait bien que son « public » le ressentait aussi.

« Cause you're all I want, you're all I need
You're everything, everything. »

Les dernières paroles, les dernières notes se firent retentir, elles se déposèrent aux creux des oreilles des différentes personnes qui l’entouraient. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsque la mélodie s’arrêta & qu’il reprit à capella les dernières paroles de sa chanson. Le public en fut ravi et l’applaudit tel un grand interprète musicien que pouvait peut-être Camille.
- Merci !
Ce mot s’échappa de la bouche du british lorsqu’il eut terminé. Et soudainement, les billets et les pièces atterrirent dans la house de la guitare vide. Qu’ils étaient généreux les gens d’ici ma fois. Après leur don, ils quittèrent avec regret le chanteur et ainsi il en profita pour ranger l’argent récolté dans son porte-feuille ainsi que sa guitare dans sa house. Mais Swann ne fit même pas attention à cette fille qui était restée plantée à quelques mètre de lui, tellement il était encore dans son monde. D’un côté, il était de dos alors comment vous voulez qu’il l’a voit, enfin en attendant, elle avait matière à mater…
Inlassablement, le jeune homme fredonna la chanson, sa chanson, celle qui faisait de mettre fin à ce grand moment musical. Puis il enfouit son portefeuille dans la poche de son jean déchiré et remit sa guitare sur son dos. C’était reparti… reparti pour terminer cette journée banale. Camille fit demi-tour sur lui-même avant de reprendre sa marche et de remarquer cette fille. « Putain mais elle est conne ou quoi celle-là ? Pourquoi elle reste planter là ? » se dit-il. Sur le fond, il n’avait pas tord. Pourquoi elle restait plantée là. Stoppant sa marche qui ne venait à peine de débuter, il regarda intrigué cette pauvre fille aux cheveux bruns.
- Euh... un ... problème?

Les mots étaient lâchés, la bataille allait être rude surtout que notre joli mélomane n’est franchement pas du genre à parler. Timide, réservé, peu bavard… c’était une épreuve difficile qu’il venait d’exécuter sous vos yeux sans que vous le sachiez. On pouvait sentir son malaise, ses mots qui sortirent de sa bouche étaient découpés un à un comme pour chercher celui qui allait être prononcé. Ne pas dire le mot de trop qui peut parfois blesser, c’était cela sa maxime. Réfléchir avant d’agir. Quant à cette inconnue, elle ne perdit pas de temps pour répondre à Camille. D’une voix douce et raffinée, quelques paroles sortirent de la bouche de cette charmante demoiselle et vinrent se déposer au creux de l’oreille du british. « Non, pas vraiment. » C’est ce qu’elle venait de dire d’une manière si innocente. En attendant, c’était clair, elle n’avait donc aucun problème et mister Swann pouvait reprendre sa route… enfin plutôt commencer. Malgré cela, tout cela semblait être faux, être voilé. Si elle n’avait pas vraiment de problème –comme elle le prétendait- pourquoi restait-elle planter comme une de ces filles naïves & idiotes ? A cette bonne réflexion, l’homme passa sa main sur sa joue. La peau n’était pas vraiment lisse, bien au contraire. On pouvait sentir une petite barbe naissante, cela devait bien faire trois jours qu’il ne s’était pas rasé. Cela ne le rendait pas moche, il est vrai mais le vieillissait, lui donnant ce côté homme mature d’expérience.
- Bien…
Sur ce pauvre mot dépourvu d’amis, Camille leva les yeux sur cette pauvre fille et lui esquissa un sourire. Ce sourire qui se dessiner très rarement sur son visage. il était rare qu’il souriait à une personne d’une sexe opposée, ça je peux vous le confirmer. Avant de reprendre sa faible marche, l’anglais reprit la parole.
- Bonne fin journée, en passant.
Ces quelques dires se déposèrent aux oreilles de l’inconnue lorsque notre bellâtre l’effleura avec la house de sa guitare sans le vouloir. D’un pas peu déterminé et bien lent, Camille s’efforça de marcher en passant à nouveau sa main dans sa barbe naissante.

Décidément, cette dernière avait tendance à l’agacé. Il n’était pas du genre à faire vraiment très attention à son image mais ce détail lui donnait l’impression d’être négligé. Vous avez d’être mal habillé, de donner une mauvaise image… ça se trouve, c’est sûrement à cause de cela qu’il n’a pas été accepté pour cet offre d’emploi. Tant pis, le mal était fait mais on pouvait toujours changer les choses, hein. Camille arrêta net tout mouvement avant de se retourner d’un demi-tour sur lui-même…
-Euh… excusez-moi…
Qui interpellait-il comme ça ? Oh oui, cette ravissante jeune femme qui était d’ailleurs encore là, étrange personnage celle-là ma foi. On ne savait pas vraiment pourquoi le guitariste voulait l’interpeller mais il voulait lui demander quelque chose. Un truc, une chose… enfin vous voyez le genre, non. « Je lui demande ou pas ? » s’interrogea t-il. Il pensait que cela était bien déplacé de lui demander où se trouver un supermarché proche et puis, Camile n’était pas le genre de demander à tout va des informations à des inconnus. Tant pis, il se débrouillera seul.
Machinalement, un de ses doigts se déposa sur ses deux lèvres charnus peu avant de secouer la tête comme pour nier…
- Ahumpff… Non, rien.
Cette fois-ci, c’était pour de bon. L’anglais partait. Refaisant à nouveau demi-tour sur lui-même de manière si naturel, il repartit en vadrouille. Sa guitare sur le dos comme à son habitude. Une habitude comme celle de fredonner à tue-tête cette bonne vieille mélodie. Et d’un claquement de doigt, il battait le rythme de cette chanson, et à l’aide de sa voix marmonnait les paroles… Vous savez de cette chanson. Oui, cette chanson. Celle qu’il avait chantée lors de son final pour son concert à la sauvage, ce qu’il aimait cette chanson. A peine une dizaine de pas que Swann ne put s’empêcher de jeter un regard derrière lui. De regarder cette fille, cette fille si intrigante.