Premier jour au Lion.

[ Lundi. Angie. ]

Le cheval de pierre s'est cabré avant de s'enfuir. Je lui courais après, le suppliant de s'arrêter, mais il ne m'écoutait pas. J'ai couru, vite, trop vite, longtemps, trop longtemps, je mettais toute mon énergie dans cette course, toutes mes forces pour rattraper Kanshi. J'ai fini par m'écrouler au sol, les jambes tremblantes, le souffle coupé. L'étalon s'est arrête et m'a regardé. J'ai relevé la tête et ai plongé mes yeux dans les siens. Nous sommes ainsi restés longuement immobiles à nous défier du regard. Mais Kanshi a gagné, il gagnera toujours, j'ai été contrains de détourner les yeux, honteux de ma faiblesse. L'étalon a lancé un hennissement ressemblant à un rire avant de repartir au galop, ses sabots de pierre martelant le sol en un bruit régulier qui résonnait en moi, me faisant vibrer tout entier. Un bruit qui s'atténuait tandis qu'il s'éloignait, jusqu'à disparaître. Et je me suis retrouvé seul, lamentablement affalé sur le sol, haletant, tremblant, désespérément seul. J'ai entendu la voix de Nowaki me répéter ces quelques mots qui m'avaient tant blessé. Puis plus rien d'autre que le néant de ma Solitude.

J'ai ouvert les yeux sur un plafond blanc, rendu gris sombre par la pénombre ambiante. De faibles filets de lumière perçaient à travers les interstices laissés par le grillage des volets. J'ai fixé le plafond pendant quelques minutes avant de tendre la main vers mon portable laissé sur ma table de nuit. 9:46. Il n'allait pas tarder à sonner. J'ai donc éteint l'alarme avant de me lever avec difficulté. Je me sentais fatigué. Je me sens toujours fatigué. J'ai beau dormir, je ne parviens pas à me débarrasser de cette fatigue qui m'embrume continuellement. Une fatigue mêlée à une profonde lassitude, un certain ennui. Un manque d'énergie qui fait que tout me parait morne, fade, sans goût ni couleurs.
Je me suis levé dans un soupir. Une douleur bien connue me serrait le ventre, une sensation profondément désagréable m'envahissait tout entier. La peur, le stress. Aujourd'hui commence mon travail en tant que serveur au Lion Rouge. Un endroit que je ne connais pas, un endroit remplit d'inconnu, un endroit où je vais devoir sourire, être aimable et parler aux gens, des gens qui ne m'intéresserons pas, des gens que je n'apprécierais pas. Mais peut être cela me fera-t-il du bien, en réalité. Combien de fois m'a-t-on dit que je dois m'ouvrir au monde?
J'aimerai pouvoir m'enfermer dans mon univers, vivre comme je l'entends, n'adressant la parole qu'aux gens que j'apprécie, ignorant et méprisant tous les autres. Mais cela est impossible. Je dois travailler, et être aimable au moins à ce moment là. Pour le reste, si je "préfère rester seul dans mon coin comme un con", c'est mon problème, n'est-ce pas?
Je me suis laissé tomber contre la porte de ma chambre. Plus d'énergie. Peur, larmes et désespoir. Vide, froid et solitude. Et toi, toi, toi, toujours toi... J'en ai assez. Marre d'être aussi faible, marre d'être si pitoyable, marre de ne savoir que pleurer, à n'en plus savoir pourquoi je pleure....
M'aidant du mur, je me suis relevé, avant de me diriger vers la salle de bain pour ma toilette matinale. J'ai pris une douche, rapide par rapport à mon habitude, avant d'enfiler un jean gris sombre et une chemise blanche. Puis je me suis dirigé vers le salon et ai bloqué devant les cartons qui s'entassaient encore sur le sol. J'ai poussé un soupir avant de porter mon regard sur le frigo. Il va falloir que je songe à mettre tout cela en ordre. Tout remplir et, surtout, remplir les garde-manger...
10:17. J'ai largement le temps.

12:08. Le plus gros du travail est fait. Il ne me reste que mes vêtements ainsi que quelques détails à ranger, sans oublier les cartons vides à virer. Cependant, je n'ai pas le temps de glander. Je commence le travail dans deux heures et doit me forcer à manger avant. Je n'ai aucun appétit, mais je sais que je ne tiendrais pas la journée l'estomac vite, surtout avec le stress que je risque rapidement d'accumuler. Après avoir enfilé mes chaussures et attrapé ma sacoche, je suis donc sortit de mon appartement, dévalant rapidement les escaliers jusqu'à atteindre l'air libre. Je suis resté quelques minutes immobile, ébloui par le soleil qui envoyait une trop forte lumière, abasourdi par le brouhaha des gens et véhicules autour de moi. J'ai pris le même chemin que la vieille, n'ayant pas envie de trainer trop longtemps à la recherche d'un endroit où me restaurer. Je n'ai que mis que vingt minutes à retrouver la devanture vitrée de "Chez Nemrut". J'ai donc poussé la porte d'entrée, et ai adressé un timide "bonjour" à la serveuse avant de commander mon habituel yufka-sans-oignons. Puis, après avoir récupéré ma pitance et payé la somme demandée, je suis à nouveau sortit dans la rue, errant plus ou moins vaguement en direction du Lion Rouge. Il me reste une bonne heure pour retrouver le bar, cela devrait suffire.

13:37. Je suis arrivé devant le Lion Rouge dont l'entrée était indiquée par la représentation d'une tête de lion écarlate, gueule grande ouverte, ornant le dessus de la porte. Je suis allé m'adosser contre le mur, regardant passer les gens et les voitures, en attendant l'heure d'entrer. Mais je n'ai tenu qu'une dizaine de minutes avant de pousser la porte.
L'intérieur était assez sombre, sans manquer de luminosité pour autant. Des lumières de différentes couleurs, particulièrement bleues ou rouges, donnaient à la pièce une ambiance agréable. Je ne sentis pas la moindre odeur de fumée, ce qui me fut fort agréable. Un homme d'age moyen et à l'apparence sympathique vint me saluer. Je reconnu l'homme avec qui j'avais passé l'entretien d'embauche. Je lui tendis une main hésitante et sans doute humide. On m'a tant répété que cela seul peut suffire à perdre un emploi, je ne peux rien faire contre ce stress, cette peur qui m'envahit chaque fois que je suis obligé de faire face à un être humain. L'homme tenta de me mettre à l'aise, m'offrant une rapide visite des lieux avant de me présenter à mon collègue, déjà présent.
Un jeune homme aux cheveux noirs relevés de mèches plus claires posa sur moi un regard bleu acier. Il m'adressa un sourire étrange avant de se diriger vers moi. Je retins un pas en arrière. Cette personne m'effrayais déjà. Son style, le regard qu'il posait sur moi, et ce sourire étrange achevèrent de me mettre réellement mal à l'aise. Je me sentais de plus en plus nerveux, et l'ambiance fermée de la pièce peu riche en fenêtre accentua une sensation désagréable, l'impression d'être prit au piège.
Je tentais un sourire afin de faire bonne impression, tandis que qu'il se présentait comme étant Jude, travaillant ici depuis près d'un an. Après m'être rapidement présenté, je le suivis jusque derrière le bar, où il me montra les différents rangements. Puis il partit faire un tour des tables, afin de récupérer verres vides et commandes supplémentaires, me laissant planté là, derrière le bar de bois sombre, ne sachant pas vraiment ce que je devais faire. Voyant que mon collègue s'occupait des tables de la salle, je décidais de me concentrer sur le bar, impatient de voir quelqu'un s'y installer afin de ne pas me sentir inutile et inactif.

[ c'est naze, je sais, mais tu feras avec x___x ]

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La jeune fille écoutait la chanson en boucle, aussi, elle la connaissait par coeur. Angie était seule, assise en tailleur dans son lit dont les draps était dans tous les sens. Elle était face à la fenêtre qui illuminait la pièce & la faisait baigner dans des airs chaleureux. La lumière faisait voir les petites poussières de la chambre mais éclairait le lit & Angie comme un acteur principale dans un théatre.
Peter était parti du petit appartement pour son boulot, il travaillait au centre commercial & il vendait des jeux vidéos ainsi que de nombreux petits trucs d'informatique, des dvd's, des cd's. Pas de quoi en être fan. Il y avait mieux comme travail quoi, d'ailleurs, Angie en cherchait toujours mais là, laissons-la rêver.
Celle-ci chantonnait tristement pour finir par se lever, son mp3 en main & ses écouteurs dans les oreilles. La musique, elle aimait, tellement. On pourrait dire que c'était bien un avantage de ne pas être sourd, car la musique procurait tellement de sentiments, de chaleur que c'était comme vivre.
La jeune fille s'avançait vers ses cartons emballés & elle en sortit des vêtements, un par un, le laissant ensuite par terre mettant un désordre incomparable dans sa chambre. Celle-ci était très simple, il n'y avait qu'un lit, une table de nuit & encore une armoire que Angie semblait déjà avoir rempli, mais il y avait encore à mettre dans une nouvelle armoire, mais elle devrait l'acheter dans les jours à venir. Angie s'asseyait & de continuait à fouiller dans plusieurs cartons en même temps. Elle finissait par prendre une minie-jupe... Puis, elle hésitait de nouveau & la déposait par terre, de côté.
Au finale, la jeune fille avait décidé quoi mettre & elle se levait calmement, tenant une petite robe noir en main. Elle s'avançait vers sa salle de bain. Elle mettait sa robe sur la côté, à l'abris des jets d'eau qu'elle pourrait faire. Angie mettait l'eau à couler, elle prit un petit produit & versa un liquide laiteux dans le bain. Rapidement, l'eau était recouverte d'un peu de mousse. Oui, oui, Angie voulait prendre un bon bain & prendre tout son temps, il n'était que onze heures et demi du matin, car Peter l'avait réveillé sans faire exprès. La jeune fille se déshabillait & se mettait dans le bain en poussant un petit soupire d'extase. Elle avait laissé son mp3 près de sa robe après l'avoir étteint. Elle respirait calmement, s'étant un peu allongée dans la baignoir, histoire de bien en profiter.

Une heure après, Angie était un peu plus prête, de l'eau dégoulinait encore un peu de ses cheveux devenus blonds avec le temps. Oui, les teindre les cheveux les rendait un peu blonds au finale. La jeune fille avait décidé qu'elle les laisserait un peu repousser avant de refaire des trucs avec. Ainsi, elle avait une coiffure plutôt normal ces jours-ci.
La jeune fille avait pris son sèche-cheveux & l'avait branché à une prise électrique. Elle le faisait aller & brossait ses fins cheveux en même temps de faire du vent avec sa brosse. Rapidement ses cheveux étaient secs & la jeune fille sortait de la salle de bain, habillée de sa petite robe noire qui la serrait au niveau de la taille & où le tissus s'arrêtait au niveau de ses genoux. Elle s'empressait de revenir dans sa chambre avec ses affaires. La jeune fille vidait encore une autre boîte en carton lorsqu'elle trouvait ce qu'elle voulait : sa touche personnelle sera bientôt ajoutée.
Angie retournait en hâte vers la salle de bain, avec deux rubans en main. Elle mettait l'un dans ses cheveux faisant un noeuds dans sa nuque pour tenir ses cheveux. Bien sûr, une ou deux mèches retombaient inlassablement devant ses yeux mais elle trouvait ça plutôt mignon, elle. La jeune fille mettait aussi l'autre ruban, mais celui-ci était autours du cou. Les deux rubans étaient de la même couleur, rouge. Cela contrastait bien, la peau pâle, une robe noire & des rubans rouges. Elle devinait des petits airs vampiriques à sa tenue, c'est ce que lui avait inspiré cette chanson là-tantôt, de Theatre Of Tragedy. Aussitôt, la jeune fille arrêtait le tout par un peu de maquillage. Elle avait un peu de crayon qui soulignait son regard, un peu de phare à paupière pourpre & des lignes d'eyeliner pour faire les traits au début & à la fin de ses yeux qui lui donnait un air un peu égyptien. Là, maintenant, alors qu'elle était bien maquillée, bien lavée, bien habillée, elle se sentait belle. Oui, il n'y avait que les moments où elle était superficiel qu'elle s'aimait réellement.

La jeune fille finissait par sortir de chez elle, fermant la porte à clef derrière elle. Elle avait un petit sac noir qui allait bien avec le restant de ses vêtements, plutôt simple & rapide comme tenue mais Angie disait qu'elle était déjà plus recherchée que certains jours où elle prennait comme ça des vêtements sans voir s'ils vont ensemble ou pas.
Angie déambulait dans les rues, son ventre vide. Toujours aussi stricte envers elle-même, elle s'était interdite de manger un bout ce matin, disant qu'elle en avait pas besoin & qu'elle en grossirait encore alors qu'elle mourrait tout simplement de faim.
La jeune fille parcourait la ville, à pied sans se soucier du reste. En réalité, elle avait juste eu envie de sortir un instant pour profiter un peu du soleil chaleureux aujourd'hui. Elle s'arrêtait ici & là devant certains magasins de vêtements, mais elle passait le plus vite possible devant les boulangers & autres vendeurs de nourriture.
Ainsi, elle parcourait presque toute la ville sans manger, avec des des ballerines noires qui conservait sa petite taille. Angie aimait être petite & ne s'en privait pas, au moins, elle pouvait mettre des talons sans craindre d'être trop grande comparé à son amoureux, ce qui était vraiment très interessant.

Vers plus au moins deux heures moins vingt, la jeune fille craquait. Elle avait fait plus au moins le tours de la ville & elle rentrait chez elle lorsqu'un bar se présentait à elle. Angie cédait & rentrait dans le bar. Un peu mal à l'aise, car seule elle ne valait pas grand chose, elle regardait autours d'elle comme si l'endroit lui semblait immense. Elle s'avançait l'air timide ne sachant où se mettre, il y avait déjà des clients dans la pièce & tous s'étaient confortablement installés sur les chaises & les sortes de petits fauteuils contre les murs.
Son regard vagabondait partout autours d'elle, celui-ci s'attardait alors sur un petit détail, un jeune homme derrière le comptoir, il semblait aussi un peu désemparé. Angie le regardait un instant en souriant calmement, comme si elle compatissait puis celui-ci semblait en une fois avoir compris que quelqu'un le regardait alors que la jeune fille ne le quittait pas des yeux...

Mon regard s'était perdu dans l'obscurité de la pièce. Les lumières, bleues, rouges, vertes dansaient devant mes yeux qui peinaient encore à s'accoutumer au manque de clarté de l'endroit. L'endroit me paraissait grand et petit à la fois. Les lumières dansant sur les murs semblaient les éloigner mais l'atmosphère confinée de la pièce pauvre en fenêtre me procurait une désagréable sensation d'enfermement. Peut être l'endroit est-il tout simplement de taille moyenne.
Les clients partaient les un après les autres, vidant peu à peu l'endroit. Sans doute étaient-ils venus s'arrêter ici pour déjeuner tardivement.
Deux jeunes filles firent un signe à Jude qui se précipita aussitôt vers elles, un sourire aux lèvres. Ils semblèrent discuter quelques instants jusqu'à ce que Jude ne vienne vers moi, me tendis un papier que je saisis par automatisme avant de retourner discuter avec les demoiselles. Je baissais lentement les yeux vers le papier, encore tremblant. L'écriture hâtive qui le recouvrait indiquait visiblement les consommations des deux filles, dont les boissons avaient été barrées. Je posai un regard hésitant sur la caisse en face de moi, de plus en plus stressé. Au secours...
Bon, si l'on ne m'a rien expliqué de particulier, c'est que ce ne doit pas être bien compliqué...
M'approchant de la machine, j'en observais le clavier. J'avais déjà utilisé ce genre d'appareil dans mon enfance, m'amusant dans le magasin de ma marraine. Mais c'était toujours avec son aide, et malgré cela avec une lenteur certaine. Seule ma petite bouille d'ange devait sauver l'agacement des clients, plus apitoyés par ce gosse qui se tenait sur la pointe des pieds pour presser les grosses touches de la caisse enregistreuse qu'énervés par ma lenteur. Les demoiselles étant visiblement en pleine discussion avec Jude, j'osais espérer que je pourrais prendre mon temps.
Heureusement, le fonctionnement de la machine me semblait simple, et les éléments recherchés étaient tous affichés clairement sur les boutons. J'enregistrais donc ma première addition et rapporta à la table le ticket donné par la machine, accompagné du petit machin de plastique associé. L'une des jeunes filles me donna l'acompte sans même m'adresser un regard, et je pu retourner me cacher derrière le comptoir, espérant que plus personne n'aie besoin de moi.
Je m'immobilisais derrière le bar, posant mes deux mains sur la surface de bois sombre, me demandant ce que je foutais ici.
Je n'ai jamais travaillé de ma vie. Je n'ai jamais eu affaire à une entreprise étrangère. Même mes stages scolaires se passaient dans le bureau de mon père, entouré de ses employés que je connaissais si bien. Moi qui, dans un restaurant, n'ose jamais m'adresser à un serveur, doit maintenant répondre à chaque client, et sans doute prendre des initiatives. Je ne peux pas attendre derrière le bar que Jude me ramène des additions. Je parcourais la salle du regard, priant pour ne pas avoir à sortir de ma cachette. En plus des jeunes filles qui discutaient encore avec mon collègue, seules deux tables étaient occupées. La première l'était par un couple d'age incertain, discutant avec vivacité entre deux gorgées d'alcool. Ces deux là semblaient ne pas avoir besoin de moi pour le moment. La deuxième table était occupée par trois hommes grisonnant, affalés sur leurs chaises, parlant peu. Et, à mon plus grand désespoir, leurs verres semblaient vides. J'allais donc devoir me diriger vers ces humains et leur adresser la parole. Je jetais un regard découragé à mon collègue, toujours occupé à draguer.

- Allez, Shou, courage... C'est pas si difficile! Tu y vas, et tu leur demande si ils ont terminé!

Oui, bien sûr... Plus facile à dire qu'à faire, surtout pour toi... J'aurais toujours ce blocage, cette peur de me diriger vers un être humain et de lui parler, même pour simplement lui adresser une de ces phrases toutes faites qui ne devraient jamais poser de problème. Je ne peux pas, c'est tout....

- Si, tu peux. Aujourd'hui, il n'y a personne pour le faire à ta place. Tu n'as donc pas le choix.

Fermant les yeux, je pris une profonde inspiration. Je peux y arriver... Peut être... Ce n'est pas si compliqué, après tout... Une simple phrase...

Un bruit me fit sursauter. Le simple bruit d'une porte que l'on ouvre, accompagné d'un flot de lumière dans la pièce. Un client venait d'entrer dans le bar. Et à nouveau, une certaine panique s'empara de moi, me faisant oublier les trois hommes à leur table. Devais-je accueillir la jeune fille qui s'était avancée dans la pièce, observant les alentours? Ou devais-je attendre qu'elle ne s'installe pour aller lui demander ce qu'elle désire?
Je portais à nouveau mon regard sur Jude, bien que n'ayant plus vraiment d'espoir. Le jeune homme semblait ne s'être pas même retourné, me laissant me débrouiller seule avec la nouvelle cliente. Il n'est pas là pour draguer, merde...
Je tournais à nouveau mon regard vers la jeune fille. Ses yeux étaient posés sur moi, elle me fixait en souriant. J'aurais voulu disparaître à ce moment là. J'aurais voulu m'effacer de cet endroit, qu'elle cesse de me regarder ainsi. J'aurais voulu n'avoir à parler à personne, pouvoir rester seul dans mon coin, indéfiniment seul en ta simple compagnie.... Toi, rien que toi et personne d'autre....
Mon cœur bat trop fort, et je prend à nouveau conscience de la stupidité de tout cela. Tout ça pour ça.... Mon cœur s'emballe... Et, tandis que la jeune fille ne cesse de me fixer, je perds tous mes moyens...

- Hé... Shou! Ressaisis-toi!

Puis, soudainement, le vide. Soudainement, un trop plein. Une sensation qui enfle en moi jusqu'à tout détruire, tout avaler, qui grandit jusqu'à exploser. Une sensation qui m'emplit entièrement jusqu'à se transformer en vide. Le trop plein devient néant, et cette sensation devient ma seule réalité.
Je ferme les yeux, trois secondes, puis réouvre un regard différent. Une profonde inspiration, puis je me dirige vers la jeune fille d'un pas hésitant.

- Bonjour...

Une victoire, déjà. Infime, mais si belle. Mais que faire ensuite? Trop faible, trop ignare aussi pour attaquer, j'attends la riposte de l'ennemie, prêt à faire face à la menace.

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Timidité. Mais c'était si simple, si compliqué. On s'y retrouvait jamais avec ce sentiment-là ! On sait combien c'était difficile quand on était un enfant sage & silencieux de devoir dire ce qu'on voulait dans un magasin... Puis après, il y avait le téléphone, une chose horrible où on ne doit que parler ou inlassablement, la personne de l'autre côté du fil ne cesse de dire des choses inintéressantes ou alors, elle ne disait absolument rien ou ne comprennais pas quand on cherchait à avoir des explications. Ho oui ! C'était tellement désagréable, tellement humiliant, on s'y sentais tellement peu à l'aise que au finale, s'en était presque débile.

Le regard vague, Angie avait baissé le regard alors que le jeune homme, tout timide avait pris la peine de s'avancer vers elle. Mais pourquoi au finale ? La jeune fille, elle, était dans sa musique, un écouteur de son mp3 dans l'oreille elle s'enfermait quelque peu dans son monde, un mélange de cris, de souffrances, de réalités choquantes... C'était son monde à elle, légèrement brutale, avec de la haine qui au finale, lui suffisait entièrement pour se défouler mentalement. Oui, il fallait bien se sentir libre. Certains s'apaisaient avec de la musique classique, de la musique celtique ou alros, du hip-hop, du R&B, etc... mais Angie, elle, avait besoin de métal ou d'industriel pour se sentir bien interieurement, pour prendre du recul & agir avec des airs plus adultes.

Mais quelque chose la tira de la réalité, une petite voix, qui semblait avoir de mal à se faire entendre. Mais Angie releva la tête en posant son regard sur le jeune homme aux yeux bridés. La jeune fille arbora un petit sourire en coin, le visage un peu baissé, le regard relevé vers Kaoru. Elle répondit simplement de sa petite voix féminine, une voix douce & cristalline.

- Bonjours...

Angie passait sa main droite dans ses cheveux blonds, presque jaune à cause des colorations qu'ils avaient dû subir. À la pointe de ceux-ci, on pouvait parfois voir un peu de bleu, d'une de ces dernières teintes fantaisiste qu'elle avait fait. Angie mettait une mèche rebelle derrière son oreille & regardait un court instant autours d'elle. Au finale, elle ne voulait pas vraiment s'installer à une table, toute seule comme une pauvre petite fille. Elle pensait plutôt s'installer au bar, sur une de ces hautes chaises-tabouret.

Maintenant, il manquait plus que de trouver quelque chose à dire. Le temps de réfléchir, la jeune fille fouillait dans son sac & en sortait son mp3. Elle l'éteignait & enroulait les écoutuers autours pour ne pas faire de noeuds & avoir le tout bien rassemblé. Elle remettait ensuite le petit appareil dans son sac & posait son regard sur Kaoru, découvrant alors son regard. Pendant un court instant, elle le regardait dans les yeux en sentant son coeur battre à vive allure. Pas réellement parce qu'elle était amoureuse - en tout cas, pas que je sache - mais plutôt qu'elle évitait de regarder les gens dans les yeux quand il faisait encore jour. En nuit, c'était différent car à ces moments sombres, elle se prennait pour la reine & prennait tellement d'assurance qu'on avait parfois difficile à reconnaître son caractère. Rapidement, Angie baissait le regard faisant mine de visualiser ses chaussures ainsi que ses petits pieds qui faisaient du trente-six. Reprennant de l'assurance, elle respirait un bon coup & se remettait à parler calmement.

- Euh... Je pourrais avoir...

Avoir quoi exactement ? Allait-elle faire la petite fille bourrue qui aime la bière, le whisky, la vodka devant le jeuen homme qui lui semblait un peu plus timide & sûrement moins ouvert à de tels choses qu'une fille comme elle en train de boire des boissons fortement alcoolisées. Alors, pour une fois, elle choissisait de faire la petite fille innocente.

- de la grenadine... ? Razz

C'est vrai, c'était un peu débile mais comme le jeune homme ne semblait pas avoir eu l'idée de parler avant, elle avait parlé & voilà, tant pis. Angie aimait bien le silence, mais pas trop souvent. Il y avait certaines personnes avec qui rester silencieux & d'autres avec qui le silence était humiliant, pesant... Alors, il fallait faire le tout soigneusement & Angie était parfois pensive & elle était très critique avec elle-même avec ses gestes. Elle voulait absolument atteindre la perfection qu'elle avait, aussi, elle s'en faisait parfois souffrir elle-même, malheureusement avec une maladie mentale qu'on appelle anorexie. Mais bon, c'était encore le côté adolescente de Angie qui coulait encore dans ses veines & lui hantait l'esprit.

Voyant alors Kaoru se retourner pour aller se réfugier derrière le bar, la jeune fille le suivait silencieusement, regardant ses pieds & le comment elle faisait pour marcher. Elle relevait la tête & s'asseyait alors sur les grandes chaises au comptoir, pour en même temps peut-être regarder le jeune homme faire.

Désolé, pas très long mais bon, plus j'attends, moins c'est bon en générale. ^^

Pourquoi cette peur? Cela a-t-il un sens, au fond? Une utilité, sans doute pas.
C'est un être humain. Il parait qu'elle fait partie de ma propre espèce. Alors, pourquoi tant de craintes?
Les humains sont pourtant les êtres les plus dangereux pour leur propre espèce. Tant sur le plan des assassins que sur le plan psychologique. Menteurs, vicieux, manipulateurs, faux, égoïstes, profondément cruels....

Comme ces enfants qui s'y mettent à plusieurs pour martyriser une petite fille trop faible pour se défendre. Pour une quelconque raison, ils trouverons bien quelque chose à lui reprocher, quitte à inventer de fausses informations. Pour le simple plaisir de détruire quelqu'un. Anéantir la personnalité d'un être trop jeune qui en restera marqué à jamais. Quoi de plus cruel qu'un humain?

Mais cela-a-t-il un rapport avec la situation présente? Nullement.

Mon regard restait posé sur la jeune femme tandis qu'elle me passait sa commande, d'un air hésitant, avant même d'être assise. Ma peur baissa rapidement, sans me quitter pour autant.
Elle semblait manquer d'assurance. Elle semblait avoir du mal à s'exprimer face à moi. Je pris soudainement conscience que la situation pouvait être pris dans les deux sens. J'avais peur de cette inconnue, mais était aussi un inconnu à ses yeux. Et au fur et à mesure que je ressentais son mal-aise, le mien s'atténuait. Pas suffisamment pour que je ne sois à l'aise. La jeune fille n'était pas assez apeurée pour cela.

J'acquiesçais sans un mot avant de retourner vers le bar, allant fouiller dans les diverses bouteilles de sirop. Je me rendis compte que j'aurais du proposer une table à la demoiselle avant de m'occuper de la boisson. Mais je considérais finalement qu'il était trop tard, qu'elle pouvait très bien s'asseoir elle même. En réalité, je n'avais pas envie de retourner vers elle, et encore moins de lui adresser la parole, ne serait-ce que pour une parole d'usage. Je trouvais la grenadine entre la menthe et l'orgeat. Me saisissant de la bouteille d'une main et d'un grand verre de l'autre, je préparais la base de la boisson avant de compléter avec de l'eau fraîche.
Relevant la tête, je remarquais que la demoiselle était finalement venue s'installer au comptoir, ce qui me déplut fortement. Je ne pourrais plus me cacher, seul dans mon dernier bastion, sans craindre constamment le regard de l'inconnue.

- T'as qu'à discuter avec elle, tient, ça te fera pas de mal.

Très drôle. Mon boulot ne consiste qu'à servir les gens et relever les additions, je ne suis pas là pour leur faire la conversation. Jude s'en charge déjà.
Comme si je me souvint soudainement de son existence, je jetais un rapide regard dans la direction de la table aux deux jeunes filles. Jude y était encore. Cependant, il croisa mon regard, l'espace d'une fraction de secondes, mais il sembla comprendre. Il salua aussitôt les jeunes filles avant d'aller faire le tour des tables, vérifiant le statut des consommations. Pendant ce temps, je me souvint du verre de grenadine que je tenais encore en main, et alla le porter à la demoiselle, posant la boisson sur un de ces petits carrés de carton aux décorations publicitaires, évitant de croiser le regard de l'inconnue.

La Libidineuse Messages : 266 Date d'inscription : 01/05/2009 Age : 29

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Hum certes, Angie était plutot bien placée pour savoir ce que les hommes étaient capables entre eux & surtout du malheur qu'ils pouvaient répandre autours d'eux. Son père biologique faisait bien partit de ces gens dotn on se souvient toute sa vie, qu'on voit chaque nuit dans ses cauchemards & qu'on voudrait voir crever, voir souffrir, voir se lamenter, voir se briser sous ses yeux. Elle avait dû supporter une personne comme ça étant petite & même si le temps avait fait disparaître certaines marques de son corps, les souvenirs lui en restaient bien qu'elle gardait ces secrets profondément enfouis en elle & elle parassait ne plus y faire attention, ni même en faire allusion dans ses conversations. Pour elle, sa vie commençait seulement à l'orphelinat, accompagnée de ses premiers amis, consommateurs de drogues, pour le début, douces. Arrêtons-nous là.

La jeune fille avait mis son sac sur ses genoux, ses mains au-dessus ramenant une main pour un peu se ronger les ongles, comme elle avait l'habitude de faire quand elle s'ennuyait ou était stressée... ? En tout cas, ses ongles lui procuraient un petit quelque chose à faire en attendant d'avoir sa petite boisson que le jeuen homme semblait tenir un bon moment avant de la passer enfin à Angie. Celle-ci posait son regard sur celui-ci qui baissait le regard pour ne pas devoir croiser son regard.

- Merci..

Elle avait une petite voix & le remerciement devait être à peine audible mais le regard se Angie persistait sur le jeune homme comme si c'était quelque chose d'important. Au moins, ses parents adoptifs lui avaient été utiles. Ils lui avaient appris la politesse & même si au début la jeune fille n'avait pas aimé ces manières elle apprennait rapidement à s'en servir & en trouvait une réelle utilité chez certaines personnes. Elle trouvait un moyen d'être aimée par les gens qu'elle n'arrivait pas à la faire aimer en étant grossière. Aussi, enfin, elle semblait savoir mettre au point son caractère parfait, compliqué. Ce caractère dont elle avait mis tant de temps à mettre au point, à rendre crédible aux yeux de tous. Enfin, elle ne trouvait plus de défauts à sa façon de faire, de penser.

Angie prennait la boisson entre ses mains & buvait une gorgée au verre le reposant ensuite sur le comptoir. Elle tournait un peu la tête pour regarder autours d'elle, en sachant que faire. Être seule dans un café sans connaître personne. Elle était comme dans un autre monde, elle aimait ces endroits par moments mais là, ce n'était pas l'heure. En réalité, la faim lui tenaillait le ventre, à Angie. Elle ne savait pas que faire, céder à cette douleur musculaire dans son estomac ou alors, resister encore jusqu'à repiquer enocre une de ces crises de boulimie. Angie n'en savait rien, ici, elle pourrait peut-être se contenir & se contenter d'une maigre portion de je ne sais quoi, encore fallait-il qu'ils vendent des choses à manger ici. Ou alors, elle attendrait on ne sait combien de temps pour sortir & rentrer chez elle sans rien avoir manger depuis hier soir.

La jeune fille lâchait un petit soupire & hélait le jeune homme, Kaoru. Cette fois-ci, leurs regards se croisaient mais Kaoru y était un peu obligé par politesse, n'est-ce pas vulgaire de demander la commande de quelqu'un sans regarder cette personne ? Angie baissait son regard une seconde le temps de préparer sa question & d'oser la dire.

- Euh... Vous avez quelque chose à manger ?

( Ha, j'aurai bientôt plus de photos si ça continue. xD )

Mais comment parler de douleur lorsque l'on sort d'une vie trop douce? Comment parler de malheur lorsque l'on a été trop gâté par le monde?
On m'a souvent dit que je suis trop intelligent pour vivre dans un monde peuplé d'imbéciles. Pourtant, je me trouve tellement idiot. Eux aussi le sont, mais au moins, ils savent vivre.... Et moi, qu'est ce que je fous là, dans ce monde qui ne m'accepte pas, et que je n'accepterais jamais? Je voudrais comprendre, le sens, l'utilité de tout cela... Espérer qu'il y ait au moins une réponse....

- Merci.

J'ai relevé les yeux vers la jeune fille. Je n'ai pas répondu. Qu'aurais-je pu répondre, d'ailleurs? Je me contenterais ici du strict minimum. Ne pas parler tant que l'on ne m'y invite pas. Ne rien faire de plus que ce que je dois faire. Laissant soin à Jude de s'occuper des tables, je m'adossais contre la porte d'un placard, comme attendant que le temps passe.
Un bruit attira mon attention. Je levais vers la mouche bourdonnante un regard agacé, presque haineux. J'allais devoir faire un effort et me retenir pour ne pas lui courir après, et un plus gros effort encore pour ne pas m'énerver après cet insecte dont j'exècre la race. Leur bourdonnement m'est tout simplement insupportable. Elle voletais de droite à gauche, refusant de se poser, comme si elle ne savait pas où aller, comme si aucun de ces supports ne lui étaient satisfaisants. Elle voletais autour de moi, tournant autour de ma tête par moment, m'imposant un violent effort de self-controle. Stupide bestiole, je te hais.

- Shou... Hé, on t'appelle!

Plait-il? Oh, la jeune fille...
Me détachant de mon support afin d'adopter une attitude plus présentable, je me redressais, posant mon regard sur la demoiselle, osant la regarder en face. Avec une certaine timidité, l'inconnue me demanda un renseignement quand à notre menu.

- Oui...

Je marquais un temps d'arrêt. Oui, on a à bouffer, mais quoi...? On ne m'a pas précisé cela... Réfléchissant précipitamment, je jetais un regard désespéré aux alentours, jusqu'à remarquer enfin le tableau d'ardoise sombre portant l'inscription à la craie blanche du menu du jour ainsi que des plats habituels.

- De la tourte au poisson... Saucisses-frites, sandwiches, pizza... Crudités...

Sans doute cela aurait-il été plus simple et plus clair que de lui indiquer la localisation du panneau. Mais ne me demandez pas de réfléchir....

D'un brusque mouvement du bras, je chassais la mouche venue se poser sur mon épaule.

La Libidineuse Messages : 266 Date d'inscription : 01/05/2009 Age : 29

Aujourd'hui, Angie n'aimait pas plus le silence, enfin, pas dans cet endroit. Le jeune homme semblait avoir presque une envie de fuire tout comme si son entourage était peut-être trop repoussant pour lui... C'était tout simplement désagréable mais la jeune fille se réconfortait en voyant que le jeune homme prennait quand même la peine de lui dire ce qu'il y avait à bouffer dans ce café.

La jeune fille repassait sa main dans ses cheveux, remettant une nouvelle fois sa mèche rebelle qui s'étaient échappée de sa petite coiffure. Angie avait la tête baissée & regardait la jeune homme en levant les yeux vers lui.

Une mouche se baladait longuement dans la pièce & elle semblait prendre un malin plaisir à tournoyer autours du jeune homme, près du comtoir & des boissons comme si les odeurs l'attiraient fortement. La jeune fille faisait de son mieux pour l'ignorer & écouter attentivement Kaoru qui lui disait en gros, ce qu'il y avait à manger. Celle-ci réfléchit un court instant à ce qu'elle voulait, c'était assez simple, son choix fut rapide. Il lui fallait le moins de calories, donc le moins de lipides, le moins de sauce, le moins de nourriture.

- Je pourrais avoir un sandwich ? Au jambon, fromage avec quelques crudités, sil-vous-plaît.

La jeune fille se mordillait légèrement la lèvre inférieur. Comment osait-elle manger encore ? Hier, elle avait déjà enfreint ses règles. Elle avait mangé un plat avec Peter alors que en réalité, elle aurait dû refuser. Mais c'était sûrement son instinct qui lui disait, la douleur qui persistait & la rendait plus vulnérable, alors, elle acceptait de manger ou avouait qu'elle en avait besoin. Même si c'était encore très rare.

Angie relevait alors son regard sur le jeune homme, en sachant qu'elle devrait quand même attendre un instant pour avoir son sandwich que son corps demandait tant d'ingurgiter.

[ la longueur des posts est en decrescendo x) ]

Je ne fus jamais aussi heureux de voir quelqu'un s'approcher de moi que lorsque je vis Jude se diriger vers le bar, ces amies ayant fini par quitter les lieux. Je posais vers lui un regard suppliant tandis qu'il se dirigeait vers moi, semblant comprendre ma demande.
Je chuchotais donc à son attention:

- Sandwich jambon-fromage et crudités pour la demoiselle...

Il acquiesça sans un mot et, après avoir adressé un sourire charmeur à ladite demoiselle, disparu par une porte que je n'avais pas encore remarqué. Je ne me souciais plus dès lors de la pitance de la jeune fille, considérant que cela ne faisait plus partie de mes taches. Histoire de faire illusion, je partit faire une tournée des tables, débarrassant celles des amis de Jude dont il ne s'était pas prit la peine de s'occuper, et réussissant à rassembler le courage nécessaire à demander à deux autres personnes s'ils désiraient encore quelque chose. Je retournais donc à la caisse pour imprimer l'addition correspondant aux deux chocolats chauds consommé par les clients en question avant de leur porter rapidement le papier. Pendant ce temps, Jude revenait dans la salle avec un sandwich de pain clair et une petite assiette de légumes râpés qu'il posa avec délicatesse devant notre cliente.

- Et voila pour la demoiselle!

Il sembla un instant me chercher du regard et me sourit en constatant que je l'observais tandis que l'homme à la table fouillait dans son porte-monnaie. Je revint à la caisse avec un billet de cinquante euros et retourna à la table avec la monnaie nécessaire tandis que mon collègue, fidèle à lui même, s'appuyait au bar face à la demoiselle blonde:

- Que fais une jolie jeune fille seule dans un bar comme celui ci?

T'as rien trouvé de mieux à dire? Et fout la paix aux clientes... Je poussais un soupir, puis effaça rapidement mon air lassé le temps de saluer les deux clients qui s'en allaient. Puis je retournais au bar, m'installant en retrait derrière mon collègue. D'un coté, j'étais content qu'il ne s'occupe de la jeune fille, je commençais à culpabiliser de la laisser seule ainsi dans le silence. Mais, en même temps, sa présence me dérangeait.

La Libidineuse Messages : 266 Date d'inscription : 01/05/2009 Age : 29

Joe Dassin - Aux Champs-Élysées.

Mais quelle comédie ! Ou n'en était-ce peut-être pas une ? En tout cas, elle ne refusait pas ça, faire semblant. Après tout, ne le faisait-elle pas si souvent ? Elle était avide d'amour, de passion, d'amitiés et surtout, du plaisir de plaire à tout le monde. Angie voulait tout simplement être la fille parfaite, à son image. Bien sûr, elle avait ses quelques défauts mais elle les acceptait et était presque prête à les aimer. Oui, un peu narcissique sur les bords je pense.

Un jeune homme, plutôt bien habillé s'avançait et se plaçait derrière le comptoir avec le jeune homme à qui Angie avait passé sa commande. Ils travaillaient tous les deux ici, bien. Ca aurait été amusant de les voirs avec les même vêtements... Ho oui des uniformes ! ( Razz

) C'est tellement canon parfois... Même si Jude et Kaoru se différenciaient bien, ils avaient chacun leurs styles et étaient beaux tous deux. De toute façon, il en faut peut pour qu'un mec soit beau aux yeux de Angie.

Le jeune homme qui venait d'arriver posait un regard sur Angie, avec un sourire chaleureux, si pas dragueur ? Angie en avait le feu aux joues, souriant en coin. Elle le voyait entrer dans une autre pièce, restant un instant seule, enfin un instant de plus. L'asiatique s'était éclipsé pour prendre les additions des clients attablés, sous le regard attentif de la jeune fille, bien qu'elle se faisait la plus discrète possible. Le jeune homme dénommé Jude revint des cuisines avec un sandwich sur une assiette. Le sourire de Angie lui revint aux lèvres et elle fut contente de pouvoir se rassasier après avoir attendu si longtemps pour manger. Celle-ci s'empara du sandwich et elle mordit dedans comme une enfant avec de grands yeux posés sur le jeune homme à la peau fortement pâle. Celui-ci la regarda et finit par poser une question.

< Que fait une jolie jeune fille seule dans un bar comme celui-ci ? >

La jeune fille eu l'air de réfléchir quelques instants, le temps de bien mâcher le pain pour ne pas parler la bouche pleine. Elle hocha légèrement de la tête pour avaler sa bouchée qui lui faisait légèrement mal, oui, quand on vomit l'acide vous remonte dans l'oesophage et vous fait souvent mal, ça ne reste pas sans séquelles. La jeune fille redéposa son sandwich pour prendre sa serviette et la prendre dans ses maisn pour les mettre sur ses cuisses.

- Je m'baladais sur l'avenue, le coeur ouvert à l'inconnu. J'avais envie de dire bonjour à n'importe qui. N'importe qui et ce fut toi. Je t'ai dit n'importe quoi. Il suffisait de te parler pour t'apprivoiser.

Angie fredonnait les paroles de la chanson, si connue, de Joe Dassin s'attendant à ce que le jeune homme, Jude, continue un peu à chanter.
Tout de suite, en étant prêt de Jude, la jeune fille n'avait plus sa timidité. Elle était tout simplement comme ça, changeante, elle voulait être parfaite et essayait si souvent d'être comme son interlocuteur ou comme lui voyait la fille parfaite ; timide, ouverte, etc. Avec Kaoru, elle avait l'impression que se montret timide serait mieux, peut-ête n'était-ce pas la bonne solution, mais avec Jude, elle était comme une fleur épanouïe, comme dans son élement...

Je suivais du regard la mouche qui était revenue me tourner autour. Elle voletait insouciamment, ne se doutant pas de la haine que je nourrissais à son égard. Elle voletait, n'ayant rien d'autre à faire. Sans doute avait-elle l'esprit vide, vierge de tous ces questionnements propres aux espèces trop intelligentes. Sans doute se contente-t-elle de vivre sans se soucier du sens de son existence. Sans se soucier du regard sur elle des autres mouches, du moins en dehors des périodes de reproduction. Parfois, je voudrais être un de ces animaux trop bêtes pour se torturer avec des doutes, des peurs, des questionnements aussi stupides qu'inutiles. Une simple mouche qui vit sa petite vie, voletant de droite à gauche, avant de se faire violemment écraser par un humain trop imbu de son immense pouvoir sur une vie si petite et donc si fragile. Il est si facile, pour un humain, de tuer une mouche. De détruire une vie, une existence, comme ça, d'un coup de magasine ou de chausson. Ou, plus vicieux encore, en asphyxiant le petit animal à l'aide d'un produit acheté au magasin du coin, longuement étudiés par des chimistes plus soucieux de la mort des mouches que des avancées scientifiques utiles aux savants du monde. Tout ça pour une mouche...

Je baissais les yeux vers la jeune fille, surpris de l'entendre chantonner. Jude, quand à lui, lui adressa un regard sceptique. Ne connaissait-il pas ce grand classique de la chanson française? Il est vrai que moi même ne connaît le premier couplet de cette chanson que par une unique émission où l'un de mes chanteurs favoris l'a interprétée, s'accompagnant au piano. D'ailleurs, la jeune fille venait de m'en donner une troisième version: les paroles chaque personne dont j'avais entendu une interprétation de cette chanson ne s'accordant pas parfaitement à celles du précédent. Je gardais en moi la première version entendue, celle de ce chanteur. Je serais même incapable de citer l'auteur de ce classique. La plupart ne connaissent de cette chanson que le refrain, que je complétais automatiquement, sans y réfléchir, chantonnant à voix basse, presque inaudible.

- Aux champs Elysées... Aux champs Elysées... Sous le soleil, ou sous la pluie, à midi, ou à minuit, il y a tout ce que...

... Stop. Jude me regarde. Je détournais le regard avant de m enfuir en direction de la salle, allant m'occuper de deux clients qui semblaient nous attendre depuis quelques minutes déjà, sentant le regard de Jude dans mon dos.

[rien à faire, j'ai pas d'idées T___T et je peux pas jouer Jude...]

» Tiffanie Gibson, premier RP =)