Park Melody [PV : Kyle Cliverson]

Je sortis de chez moi pour me balader…vers le parc ! Ouah, quelle grande idée ! C’est surtout que je n’avais rien à faire sauf me planquer devant mon ordi pour je ne sais quoi. Je devrais me remettre à mes compositions musicales, nom d’un chien ! Ou encore, faire un peu de ménage dans mon appart…

Mais je me souviens que mon grand-père maternel me disait « Aères-toi le plus souvent possible. L’être humain est surtout fait pour vivre en extérieur, si tu t’enfermes, tu vas te fragiliser. » Ah ! Comme si je n’étais pas assez fragile comme ça ! C’était une des nombreuses raisons qui m’ont obligée à prendre des cours d’arts martiaux, d’ailleurs. Je poussais un soupir alors que je traversais rue sur rue afin de me rendre à destination.

Je me rends compte que vingt-quatre heures pour une journée, ce n’est pas assez pour l’humanité. On n’a jamais le temps de faire tout ce qu’on veut car une bonne partie de ce temps donné est dépensé à dormir, parce qu’on a besoin de ce prééééécieuuuux sommeil.

Ah, ce temps qui passe trop vite ! On le vit à cent à l’heure. Dire qu’avant on profitait de ce temps, aussi précieux que le sommeil. Et maintenant, on se dit que la vie est trop courte ? Mon Dieu…

Je traversais la Grand’Place… encore quelques dédales de rues… et enfin, le parc du centre ville ! Pourquoi ai-je l’intuition de chercher quelque chose ou que je vais trouver quelque chose en ces lieux ? Une question sans réponse… Je me décidais à faire le tour du parc, j’étais un peu…énervée, stressée, ennuyée, déprimée ! Faut se le dire les seuls gens que je côtoie en ce moment, ce sont ceux qui sont dans l’industrie du disque. Ah ! On trouve Irina bien sympathique mais on ne cherche JAMAIS à la connaître, à savoir ce qui ne va pas, et cætera ! Ça renforce mon introversion quotidienne, ah, vous ne savez pas que je suis introvertie ? Ben maintenant, vous le savez !

J’ai besoin de rencontrer du monde mais bon, je ne suis douée quand il faut chercher des artistes, ça j’en suis sûre. Ça ne doit pas être la même chose quand c’est seulement le hasard qui est à l’origine de la rencontre et là, je me complexe pour rien.

J’entendis tout d’un coup une voix parler... parler n’est même pas le mot pour désigner la manière dont la voix dicte les quelques mots qui parviennent à mon oreille.

Invité

Seul. C'est bien un adjectif qui me décrit ces derniers temps. La solitude est ma plus proche compagne, elle partage toutes mes heures libres, elle mon crayon et ma feuille. Et aujourd'hui j'étais assis sur un banc dans un parc de Sheim, l'endroit était plaisant, cascades herbe verdoyante... Tout y était réuni pour que la très convoitée inspiration se joigne à notre trio. Mais les mots sortaient difficilement, et mon crayon trouvait la route des lettres bien longue et ardue.

Cependant je ne me décourageais pas, et poursuivais ma passion cherchant expression sur expression le vers idéal qui sublimerait un texte. Sans plus. J'entonnais les quelques rimes que j'osais mettre sur papier au fil du vent fredonnant un air improvisé en claquant de mes doigts endoloris.

"J'ai le pouvoir d'une larme qui ne saurait m'attrister, tari depuis une éternité mon cœur est aujourd'hui sans arme"

Voilà ce que je marmonnais lorsque je vis une silhouette s'approcher de moi. C'était un femme, qui était d'ailleurs agréable à la vue. Je la saluai d'un signe de tête, en griffonnant un ou deux mots qui me passaient par la tête, en espérant qu'ils pourraient constituer une future rime...

Cette voix était légèrement grave, elle paraît jeune.

"J'ai le pouvoir d'une larme qui ne saurait m'attrister, tari depuis une éternité mon cœur est aujourd'hui sans arme"

Je retiens un frisson. Ben, mince ! Il ne fait pas froid pourtant…Je soulevais une manche de ma veste, faisant mine de regarder ma montre (au fait, il est 14h30) : j’avais tout simplement la chair de poule.

Eh, bien, pour me faire "hérisser le poil" comme ça… Il en faut à la fois peu et beaucoup pour me provoquer cet effet-là… Et la manière dont c’est dit… C’est de la poésie mais pas que.

Je dirigeais donc vers la source de cette voix qui me paraissait presque… Oh, mince ! Je n'arrive pas à mettre un adjectif dessus ! Elle appartient à un jeune homme. Il a l’apparence du voyou des banlieues confirmé, enfin, au niveau vestimentaire… Il est assis sur un banc, l’air visiblement concentré sur un bloc notes. Ainsi, il chercherait à trouver des paroles pour faire du rap ? Vous croyez que je n’avais pas encore deviné ce qu’il faisait exactement ? … Pff…

Il me remarqua et par conséquent, me fit un signe de tête poli. Au final, j’ai plutôt l’impression qu’il n’est pas du genre à faire du mal à quelqu’un (hum, phrase à revoir, peut-être...). Il écrivait de nouveau sur son calepin.

Etant curieuse, j’osais demander sans trop faire attention à ce que je fais :

- Ce n’est pas que de la poésie, je me trompe ?

Au regard que je reçus (je ne savais même pas si il était hostile ou surpris tellement j’ai été rapide pour détourner le regard), je repris un peu plus timidement :

- Désolée de m’in…de m’imposer ainsi, je voulais juste dire que j’ai adoré votre phrase que j’ai entendue. (Hésitant puis me disant que je ferais mieux de passer mon chemin) Encore désolée.

J’ai failli dire « m’incruster », mais ce n’est pas un mot à prononcer en présence d’un total inconnu. *Mais qu’est-ce qui me prend de m’adresser à des inconnus et sans même leur dire bonjour, en plus ! Irina, tu as bel et bien mis ta politesse au placard aujourd’hui !* Je me retournais après une hésitation de plus (j’étais vraiment mal à l’aise) alors qu’on me répondit à mon « incrustation ».

Invité

Je m'y noyais dans mon carnet. Dans mon petit univers j'étais seul avec les mots. Je ne m'arrêtais pas, toujours à filer une lettre pour la gommer à la suite. Je ne fis que très peu attention à la femme qui passa là. Mais elle m'avait entendu, et à ma grande stupéfaction me parla. Elle me demanda si ce n'était pas que de la poésie, je fus assez surpris d'être ainsi l'interloqué par une fille comme ça en plein parc... Mais ça n'était pas pour me déplaire, d'habitude les mecs sapés comme moi ça n'attire pas les foules, au contraire...

J'allais lui répondre mais elle poursuivit en s'excusant de multiples fois, elle avait l'air vraiment gênée, mais avoua avoir aimé ma dernière rime. Cela me laissa bouche bée. Mais quelle était cette ville ? Le dépaysement était total, depuis Paname je n'étais pas habitué à tenir compagnie à des dames. Dire que dans d'autres circonstances j'aurais aussi bien pu l'aborder par un "Hey mad'moiselle z'êtes bien charmante". Au fond elle m'intriguait, et je lui répondis :

"- Ah, je n'ai pas la prétention d'écrire de la poésie. Ou alors simplement de la poésie urbaine mademoiselle. Des maux du bitume. Mais vous n'avez pas à vous excuser, au contraire c'est sympa, d'habitude les gens ont plutôt tendance à se barrer quand ils voient une once de rap. Ça m'encourage les gens comme vous. Vous êtes un peu connaisseuse du milieu ?"

Allez, me regardez pas comme ça ! Il fallait bien que j'engage un peu la discussion quoi...

Il me répondit alors que je m’apprêtais à repartir. Je sentis la surprise dans sa voix. Pff… On voit que je suis maladroite à cent pour cent, là. En fait, je n’ai provoqué aucun mal. Tant mieux ! Il faudrait juste que je cesse de me culpabiliser comme ça. Je souris par rapport aux expressions « poésie urbaine » et « Des maux du bitume ». C’est donc de cela que ses textes parlent ? C’est plus qu’évident. Non, franchement, si on m’aurait dit qu’un jour, je m’intéresserai à quelqu’un qui veut faire du rap, j’aurais probablement ri.

- Sachez que je ne suis pas de ces personnes qui s’arrêtent à un genre musical particulier - et qui ont, par conséquent, l'esprit étroit. Le rap n’est pas ma spécialité, et d’ailleurs, je n’en écoute qu’occasionnellement, mais vous avez réussi à me toucher rien qu’avec une phrase des plus magnifiques, râpée de surcroit. Puis, j’aime bien les textes tristes en général, celles qui reflètent des vérités, des états d’âmes, bon parfois de l’imaginaire mais c’est toujours dans la tristesse. (après une coute pause) Enfin, par milieu, qu’entendez-vous ? Vous pensez que je suis une artiste ?

Un vent léger balaya mes cheveux, en plus des premières feuilles tombantes de ce début d’automne. Agrémentant la scène d’une sérénité légèrement morose mais résolue.

Parfois, on se dit que c’est là que les rencontres fortuites sont les meilleures.

Invité

Au moins, la discussion était engagée. C'était ça de fait, et maintenant que l'action était dans l'atmosphère je me levai du banc, par politesse pour marcher deux trois pas aux alentours de cette dame. Elle me complimentait dans ses mots, ce qui avait le don de me mettre mal à l'aise, mais je n'en montrais rien, je voulais passer pour un mec serein, capable de prendre sur lui toute chose complaisante, sans rougir un poil. Bon, je voulais faire professionnel, mais rien n'était gagné quoi.

- "Ouais, je n'ai jamais douté de ça, par rapport à vous. Je dis juste que la plupart des gens voient le rap comme une musique de voyous qui savent rien faire d'autre que cramer des voitures quoi. Bon je comprends aussi qu'on n'en écoute pas des masses, puisqu'en général les thèmes sont plutôt crus et usent d'un vocabulaire plutôt gras mais bon, j'essaye de redorer le blason si vous voyez ce que je veux dire.
Merci pour ma phrase, mais je ne la trouve pas parfaite niveau rythmique. Enfin, avec moi tout est toujours à améliorer... Si ça continue comme ça dans un an je plancherai sur la même chanson. J'adore aussi les chansons tristes, disons qu'elles reflètent une partie de la réalité qui peut me toucher. Oh, je disais milieu, pour savoir si vous connaissiez un peu le rap et le domaine musical, voilà tout je voulais pas insinuer quoi que ce soit.

Je m'étais peut être un peu emballé, mais bon peu importait. Pour une fois que j'avais trouvé quelqu'un à qui parler, autant en profiter, n'est ce pas ? C'est marrant, si j'avais un jour deviné que je rencontrerais quelqu'un de la sorte, j'aurais voulu me réveiller. Enfin, j'en profitai pour ranger mon bout de papier dans ma poche, ainsi que mon crayon. Inutile d'attirer l'attention sur les sottises que je pourrais marquer dessus.

Il se leva pour ensuite faire le tour de ma personne, il paraissait presque indifférent à ce que je disais, mais je savais que ça le touchait d’une manière ou une autre. D’ailleurs, il me remercie pour le compliment que je lui ai fait. Hum, je suis donc quasiment percée à jour, puisqu’il pense que j’ai un rapport avec les métiers de la musique. Il est malin !

Mais quelque chose n’échappa point à mes yeux : pourquoi cache-t-il ses notes ? En a-t-il honte ? *Il ne peut plus se concentrer sur ses paroles, ce qui est aussi une raison valable de ranger ses paroles dans sa poche.*

Je lui offre malgré tout un sourire en plus de lui donner une réponse à sa question qui me paraît plus claire à présent :

- Si je connais le domaine musical comme vous dîtes ? (légère pause, puis un léger rire) Bien sûr que oui. Mais … me ferez-vous la faveur de ne rien dire de ce que je fais ? (je m’approche un peu de lui afin de parler plus bas) Car beaucoup de musiciens et de chanteurs recherchent des personnes comme moi. Je suis, en plus d’être musicienne, manager d’artistes. Et croyez-moi, je ne connais peut-être pas le milieu du rap, mais comme je vous l’ai dit précédemment, vous avez attiré mon oreille et c’est déjà beaucoup.
(reparlant normalement) Je considère que c’est tout en votre honneur d’essayer de donner une image moins… (cherchant un mot assez fort) … déshonorante de ce genre musical. Vu ce que vous me dîtes, je dirai que vous êtes atteint du syndrome du parfait artiste : avoir conscience que la perfection n’existe pas. Si vous croyez que je considère que tout ce que je fais est super, vous vous fourrez le doigt dans l’œil ! Mais il m’arrive de voir que c’est pas mal, voire même bien. Et les avis extérieurs ne sont jamais de trop, c’est toujours…constructif de savoir s’il y a quelque chose à faire en plus ou rien du tout.

Je ne me suis pas départie de mon sourire quoique celui-ci a décidé de ce faire mystérieux pour notre jeune homme…qui ne doit « l’avoir dans le baba » comme je me plais à dire familièrement...à moins qu'il n'en laisse rien paraître. Je me dis qu’au final, ça vaut peut-être le coup de proposer quelque chose pour lui, mais la première chose qui vient à l’esprit quand on a un projet un peu fou, c’est : « Est-ce que ça va le faire ? Ne vais-je pas faire une connerie ? ».

Je tendis donc ma main, décidant de tenter le tout pour le tout :

- Je crois que le temps est aux présentations : Irina Mori, je pense que je ne perds pas mon temps en m’adressant à vous.

» Kyle Cliverson
» Park Yu Laya